Peter
We’ve got only one life… maybe two!
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Peter squatte sur un angle de la place de la République. Dreadlocks, tatouages et piercings… il est le parfait cliché du vagabond libre et libertaire. Une impression qui nous sera très vite confirmée. Devant lui, il a disposé des petits gobelets. Sur l’un d’eux est écrit « manger », sur l’autre « ticket to home ».
Retour vers le futur
Sa maison c’est la Hongrie, et en réalité, ce n’est pas là qu’il compte aller une fois la somme nécessaire pour un billet de train collectée. Peter n’a pas vraiment envie de retourner dans ce pays qu’il a quitté il y a des années et dans lequel il a vécu une très mauvaise expérience. Un souvenir qu’il accepte de nous raconter. In Hungary, I was a cook. I had a nice girlfriend, we were six years together. I was working from Monday to Sunday to get enough money to get married. Once I got sick. I went home and found my girlfriend in bed with my good friend. Le pire, elle lui reproche de n’être jamais à la maison. Peter enfile son sac à dos et part à l’aventure sur les routes européennes.
Les tribulations d’un Hongrois en Europe
I’m in France for seven months, nous apprend Peter. Avant ça, il a connu l’Autriche et l’Allemagne où il a laissé un fils à qui il ne parle quasiment jamais. It ended with the girl, I was angry so I said to my friend… go Barcelona! Et c’est ainsi qu’il se retrouve dans la capitale Catalane. Il sait que c’est là qu’il veut retourner à terme. Cette histoire n’est pas sans nous rappeler celle de Joël. Visiblement, les deux hommes se connaissent. We camp together! s’exclame Peter.
Humour et coquetterie
Quand on lui demande son âge, il nous répond du tac-o-tac : eighteen! Avec le masque, on est tenté de le croire mais devant notre crédulité, Peter se marre et retire son masque. L’homme a en fait trente-huit ans et pas vraiment toutes ses dents. I’m thirty eight, nous avoue le Hongrois. Espiègle, il a encore une surprise pour nous. De derrière lui, il sort un gobelet en carton. Dessus est écrit « la beuh ». Celui-là, il ne le sort pas tous les jours, too much police and too much children, nous dit-il. Mais il nous confie tout de même que quand il est dehors, c’est le gobelet dans lequel les gens mettent le plus.
Il en faut peu pour être heureux
Malheureusement, il n’y a pas que la weed qui fasse tenir le presque quadra. Pour survivre en France, il va dans des associations, dont Gaïa, for the junkies dit-il en baissant les yeux. L’alcool est la seule drogue à laquelle il ne touche pas… Mais, malgré les addictions qui abîment son physique, une des choses les plus frappantes avec Peter, c’est la sérénité qui émane de lui. Car l’homme se dit heureux, ne planifie rien à l’avance et se sent libre. Une sensation qu’il n’échangerait pour rien au monde.
We have only one life… maybe two! nous dit-il, dans un dernier éclat de rire édenté.
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